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LES SAINTS BRETONS

 

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Les 7 saints et le Tro Breizh

Le Tro Breizh (le Tour de Bretagne) était un pèlerinage très important autrefois. Il se pratiquait déjà au IXème ou Xème siècle. Du XIIème au XIVème siècle, effectuer le Tro Breizh  était pour un breton aussi, voire plus important, qu'un pèlerinage à Rome ou à St Jacques de Compostelle  ! (les Gallois eux se dirigeaient vers l'Île de Bardsey à la pointe de la péninsule de Lleyn avec la même ferveur). On estime à plus de trente mille personnes le nombre annuel des pèlerins au cours du XIVème siècle !

Faire le Tro Breizh, c'était faire le tour de la Bretagne, plus de 500 kilomètres,  par les sept cathédrales en vénérant les Sept Saints fondateurs : Malo à St Malo, Samson à Dol, Brieuc à St Brieuc, Tugdual à Tréguier, Pol Aurélien à St Pol de Léon, Corentin à Quimper, Patern à Vannes. Mais c'était pour celui qui le faisait l'assurance de gagner le paradis ... et puis ne disait-on pas que celui qui ne le faisait de son vivant devrait le faire après sa mort en n'avançant que de la longueur d'un cercueil tous les sept ans ! De nombreuses chapelles sur le parcours de ce pèlerinage s'appellent chapelle des Sept Saints, comme par exemple au sud de Lannion entre Bégard et Plouaret.

Quatre périodes de l'année étaient alors particulièrement importantes : c'étaient les Pâques fleuries (qui correspondaient avant la réforme grégorienne de 1532 au début de l'année ; on employait alors le calendrier "julien") ; puis les Pâques de Pentecôte suivies de la Saint-Michel et enfin Noël : elles donnaient lieu à des célébrations importantes sur tout le parcours du Tro Breizh.

Au XVIIème siècle, dans le cadre de la lutte contre tout ce qui avait une origine profonde, l'église catholique romaine et ses évêques incitèrent à se détourner de cette pratique.

Saint Malo : Mac Low, francisé en Malo,  est né au VIème ou au VIIème siècle au pays de Gwent dans le sud du Pays de Galles. Issu d'une famille noble, il est le filleul du futur Saint Brendan qui l'élève au monastère de Lancarvan (Pays de Galles). En 512, Brendan accompagné de Malo quitte le Kerry pour un périple maritime vers de lointaines contrées. Revenu au monastère, Mac Low avait gardé le goût du voyage : grâce à un ange, il put embarquer vers la Bretagne où il accosta près d'Alet (l'actuel Saint-Servan, ancienne commune fusionnée dans le "grand" St-Malo) au milieu de ce VIème siècle. Il fonda à Alet, dans cette région de Domnonée,  un monastère qui se transformera en évêché dont il sera l'évêque. Il se fâchera avec ses paroissiens et l'aristocratie locale et partira vers la Saintonge où il mourra vers 630 / 650. Fêté le 15 novembre. On  le trouve aussi sous les formes Maclou, Macoult, Malon, Malou, Macuto (Rome), Maklovius (All) ...

Saint Samson : Né à la fin du Vème siècle vers 480, il était originaire du Glamorgan dans l'actuelle région de Pembroke au sud du Pays de Galles où il fut instruit par le futur Saint Ildut. Il séjourna au monastère d'Inis Pyr puis rejoignit l'Irlande. Revenu en Bretagne insulaire, il fut consacré évêque sans siège puis traversa la Manche et débarqua vers 548 à l'est de la Rance sur le Guyoul. Il guérit aussitôt de la lèpre et du démon deux femmes et rçoit en remerciement un terrain sur lequel il fonde un monastère à l'origine de Dol. Il y meurt en 565.

Saint Brieuc : A la fin du Vème siècle, un vieux chef breton, Riwall, commandait cette contrée devenue plus tard St-Brieuc, quand des inconnus débarquèrent à l'embouchure de la rivière. Les inconnus, au nombre de deux cents environs,  venaient de Bretagne insulaire et leur chef s'appelait Brieg ou Brioc. Il était disciple de Saint Iltud et avait aussi été formé à Paris par Saint Germain. Il voyageait fréquemment entre Bretagne insulaire et Armorique. Brioc était le fils de Cerpus et Elrude et il venait de Keretikiaun :  Riwall le connaissait ; Elrude était sa tante, la soeur de sa mère ! Brioc s'établit à proximité, devint évêque de ce lieu futur Saint-Brieuc et y mourut ; selon la légende, il monta au ciel sur une échelle d'or. Un oratoire et une fontaine perpétuent le souvenir de son établissement tandis que la cathédrale sera construite à l'emplacement de sa tombe, au lieu  même de sa rencontre avec Riwall au pied d'un chêne rouvre. Saint Brieuc est le patron des fabricants de bourses, en raison parait-il de la générosité dont il fit preuve. Fêté le 1er mai.

Saint Tugdual : (du vieux breton "tut" peuple et "uual" valeur) c'est le même personnage que Saint Pabu (en fait Pabu ou Paban signifiait "père" c'est-à-dire l'évêque). On le surnomme aussi Tudy. On en parle pour la première fois dans la vie de Saint Gwennolé écrite par Gourdisten. La vie de Saint Tugdual n'a été écrite que bien plus tard au XIème siècle après la création de l'évêché de Tréguier. Il est issu de la Cornouailles insulaire (du Pays de Galles selon d'autres sources) où il fut instruit dans un monastère. Il émigre en Armorique vers 535 et retrouve son cousin Chef de la Domnonée, Deroch. (Deroch était le fils du  fondateur de la Domnonée Riwall, Pompée, la mère de Tugdual en étant la soeur). Lorsqu'il émigra, il fut accompagné de soixante-douze religieux, parmi lesquels Guirec. Il accosta à la presqu'île de Kermorvan au lieu Porz Pabu en Ploumoguer et fonda près du Conquet un monastère à Lann Pabu (Trépabu aujourd'hui). Tugdual est un disciple de Saint Maudez et il évangélisa le sud-ouest de la Cornouaille (le Cap et le Pays Bigouden). Selon sa vie écrite au XIème siècle, il s'installa entre les rivières Jaudy et Guindy dans une jolie contrée qu'il débarrassa, (tout comme l'avait fait auparavant Saint Pol près de l'Île de Batz), d'un dragon. Il fonda l'abbaye de Landreger (reprenant le nom Treger de son pays natal de Cornouailles - Trigg aujourd'hui), partit avec Aubin jusqu'à Paris mais dut revenir à la demande pressante de Deroch et du peuple pour devenir évêque de Landreger comme on appelle toujours aujourd'hui en breton Tréguier (évêché qui ne sera réellement créé au sens moderne du terme que plusieurs siècles après sa mort au Xème siècle ! )

Saint Tugdual est l'un des quatre piliers de la Cornouaille avec le Roi Gradlon, Saint Corentin et Saint Gwennolé.

Saint Pol Aurélien : Sa vie a été écrite par Wrmonoc, moine de l'abbaye de Landévennec en 884. Pol est né dans le Glamorgan dans la région de Pen Ohen (Pointe des Boeufs) au sud du Pays de Galles vers 480. Il est le fils de Perphirius. Il devint moine à Llanildut-Fawr où il suivit l'enseignement de Ildut  (ainsi que Samson, futur Saint Samson, qui deviendra évêque de Dol et Gildas, futur Saint Gildas). Il traversa la Manche pour atteindre Ouessant avec au moins quatorze compagnons où Lampaul perpétue son souvenir ; puis il fonde un second monastère (Lampaul également)sur le continent à Ploudalmézeau ; il rejoint son compatriote et cousin Withur, Seigneur de ce qui est aujourd'hui le Finistère nord, à l'Île de Batz. L'oppidum voisin deviendra Kastel Pol (nom breton encore aujourd'hui de Saint-Pol-de -Léon) Là, il débarrasse la contrée du dragon qui empestait la vie de tous. Withur voulait le nommer évêque, mais Pol refusait. Alors Withur employa la ruse : il envoya Pol à Lutèce porter au Roi Childebert une lettre cachetée, lettre qui demandait à Childebert de le nommer évêque. Le Roi Childebert sut le convaincre d'accepter cette tâche et Pol retourna au pays où il vécut jusqu'à dit-on l'âge de plus de dix fois quatorze ans (140 ans !), partageant son temps  entre Kastel Pol et l'Île de Batz.

Saint Corentin : On parle la première fois de Saint Corentin dans la vie de Saint Gwennolé rédigée par Gourdisten vers 880. Kaourintin nait à Locmaria en Quimper au VIème ou au VIIème siècle. Ermite dans la forêt de Nevet sur le territoire de l'actuelle commune de  Plomodiern, Kaourintin (francisé en Corentin)  impressionna par son mode de vie et ses miracles beaucoup de gens, dont des évêques et le roi Gradlon, qui régnait alors sur Quimper et sa région (en particulier le miracle du petit poisson qu'il prenait chaque jour, coupant une petite tranche et le rejetant vivant : la petite tranche grossissait autant que nécessaire à la cuisson et le petit poisson était de nouveau intact le lendemain pour une nouvelle prise et découpe ! ) . Gradlon lui offrit  les terres autour de son ermitage pour le remercier d'un repas miraculeux (le seul tout petit poisson avait pu en s'agrandissant sans cesse à la cuisson régaler tout son équipage lors d'une chasse ! ). Corentin y créa une abbaye. Gradlon un peu plus tard sut le convaincre de devenir le premier évêque de Kemper (Quimper aujourd'hui, mais toujours Kemper en breton). Fêté le 12 décembre par les diocèses de Quimper, Vannes, Le Mans, Paris ; fête le 1er mai à Marmoutier et selon le calendrier du XIème siècle de l'abbaye de Landévennec. La cathédrale de Quimper est dédiée à Saint Corentin.

Saint Corentin est l'un des quatre piliers de la Cornouaille avec le Roi Gradlon, Saint Tugdual, Saint Gwennolé

Saint Patern : il serait le fils d'un breton et d'une poitevine. Ses parents se seraient séparés pour se consacrer à Dieu ; Patern pris l'habit au monastère de Rhuys (St Gildas redressera ce lieu des années plus tard). Il fut le premier évêque de Vannes en 465. Il partit ensuite en Bretagne insulaire puis en Irlande. Selon d'autres sources il dut démissionner de son évêché et se réfugier en territoire franc où il mourut : son ancien diocèse connut alors une terrible sécheresse durant trois années ; les vannetais firent la relation avec l'exil du !Saint et ramenèrent son corps à Vannes.

D'autres Saints, originaires aussi du Pays de Galles ou de Cornouailles insulaire, ont marqués de leur trace la côte nord de l'Armorique :

Saint Guirec : originaire du Pays de Galles, le moine Guirec (ou Kirech ou Guyrech) accompagnait dans son émigration Saint Tugdual ; il aborda la côte à ce qui deviendra Ploumanac'h (anciennement Poul Manac'h, la mare du Moine c'est-à-dire Saint Guirec). Il s'installa dans l'anse aujourd'hui de Saint Guirec près d'une source où se trouve aujourd'hui une chapelle. L'oratoire voisin permet aux jeunes filles, en tentant de piquer une épingle dans le nez du Saint, de savoir si elles seront mariées dans l'année ... A Traou Perros, rue de Goas an Abat aujourd'hui, il créera un monastère qui dépendra de l'évêché de Dol. (L'évêché de Dol avait la particularité d'avoir un tout petit territoire autour de sa cathédrale et de nombreuses dépendances isolées telles Perros, Le Trévoux-Tréguignec, Loguivy-les-Lannion ou Lanmeur. Cette situation perdurera jusqu'à la Révolution). St Guirec est donc connu comme le Saint Patron des jeunes filles à marier mais on l'invoque aussi pour guérir les enfants attardés, pour guérir les abcès, et les marins le prient pour calmer les tempêtes. 

Saint Ké ou Saint Kenan : sa vie nous etait surtout connue par l'ouvrage de Albert Legrand "La vie des Saints de la Bretagne Armorique" rédigé en 1636. Albert Legrand reprenait en fait pour Saint Ke la version de la vie de celui-ci écrite auparavant par l'abbé Maurice, vicaire de Cléder, qui avait traduit en y ajoutant la tradition de Cléder une vie de Saint Ké rédigée en Cornouailles insulaire en la paroisse de Kéa entre 1270 et 1500. Saint Ké est plus connu aujourd'hui sous la forme Saint Quay (cf St Quay-Perros, St Quay-Portrieux). Il est, selon cette version, né en Cornouailles insulaire près de Falmouth ; ses parents sont de riches nobles : son père s'appelle Ludun et sa mère Tagu. Il devint évêque dans son pays, mais ne se trouvant pas assez fort pour en être digne, il se retira dans un ermitage en Cornouailles insulaire. Il s'embarque ensuite à Landegu sur la rivière Truro pour l'Armorique qu'il atteint à Cléder sur une meule qui par miracle s'était transformée en barque. Plus récemment, les recherches du chanoine anglican Doble nous permettent de mieux connaître la réalité historique de la vie de Saint Ké, assez différente de la précédente : si la description de sa vie peut correspondre, il ne serait en réalité jamais venu en Armorique, mais les émigrés venant de Cornouailles vers l'Armorique au VIème siècle auraient avec eux amené la tradition de ce Saint, transposant en Armorique certains faits en réalité insulaires. Le premier ermitage de Saint Ké serait à LLandygai au nord du Pays de Galles près de Bangor, ensuite on le retrouve dans le Somerset au monastère de Glastonbury (à quelques kilomètres de là, la ville aujourd'hui Leight-Street est alors nommée en 725 Lantokay); On le retrouve bien à l'estuaire de la rivière Truro en Cornouailles insulaire au lieu-dit Landkey mais rien n'atteste sa présence en Armorique ; le fait qu'il n'y ait pas de paroisse primitive (un Lanké ou un Plouké) laisse au contraire supposer qu'il ne soit jamais venu en Armorique.

Un autre Saint, d'origine locale puisqu'il est né près de Tréguier et beaucoup plus récent puisqu'il vivait au Moyen Âge, a profondément marqué la Bretagne :

Saint Yves : Yves Hélori est né au Minihy-Tréguier au manoir de Kermatin en 1253. Il part à quatorze ans à Paris étudier le droit et devient prêtre. Il est official (juge) au Tribunal Ecclésiastique de Rennes en 1281 et là commence sa réputation de défenseur des pauvres. Il souhaite revenir à Tréguier où il est nommé official et aussi recteur de Trédrez en 1284. En 1292 il devient recteur de Louannec où il restera jusqu'aux deniers jours. Il meurt chez lui au Manoir de Kermartin le 19 mai 1303 ; son procès en canonisation aura lieu à Tréguier en 1330 et il sera canonisé en 1347 : Yves Hélory est le seul prêtre de paroisse à être canonisé au Moyen Âge. Il aurait pu, de par ses origines nobles et son instruction de grande qualité ; prétendre à des fonctions très élevées au sein de l'église mais il tenait à la simplicité et mena une vie proche des pauvres. La Saint Yves est depuis une fête très importante en Bretagne et est célébrée le 19 mai, jour anniversaire de la mort de Saint Yves Héloury. Il est le patron des avocats et des hommes de loi ; de toutes l'Europe, certains viennent à Tréguier le 19 mai célébrer la Saint Yves. Il est aussi avec Sainte Anne, le patron de la Bretagne.

Sainte Anne : le culte de Sainte Anne est très fort en Bretagne. En fait le culte de la mère de la Vierge Marie se superpose à un culte beaucoup plus ancien pour une déesse gauloise dont le nom proche de Anna, s'est confondu avec celui-ci.

 

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