tgward5.jpg (44871 octets) A louer, vue sur la mer 

 

DE JULES CÉSAR A ANNE DE BRETAGNE

Retour page précédente "Perros, ses origines".

En 56 avant JC, Jules César bat la marine des Vénètes près de Vannes puis en 52 avant JC, c'est la défaite d'Alésia. C'est la fin de l'indépendance de l'Armorique et le début de la période gallo-romaine. 

On présente trop souvent l'arrivée de la civilisation gallo-romaine comme l'apport d'un peuple civilisé, les Romains, à un peuple "inférieur", les Gaulois. C'est oublier toutes les richesses du peuple Celte : l'agriculture, l'élevage, le cheval ... étaient hautement maîtrisés par les Celtes ; la première motivation des Romains  pour la conquête de la Gaule était son blé et son vin ! Les Celtes étaient aussi des orfèvres quant au travail des métaux, que ce soit pour la fabrication d'outils ou pour la confection de bijoux.

Malheureusement pour les générations futures et pour la connaissance que l'on a d'eux, la culture celte était essentiellement orale ; les Celtes n'ont pratiquement pas laissé d'écrits ; ceci n'empêche que la science des Druides, en astronomie, en connaissance des plantes ... était d'un haut niveau. D'autre part, les constructions des Celtes étaient de taille modeste et en bois : elles ont donc laissé peu de traces, si ce n'est des fondations auxquelles les archéologues s'intéressent depuis quelques années pour reconstituer les plans de ces petits villages fortifiés.

On les présente aussi comme querelleurs et désunis ; mais à Alésia, le nombre de guerriers présents montre que toutes les tribus gauloises étaient réunies pour repousser l'envahisseur. Et l'on oublie trop de dire que cette civilisation romaine, cette Pax Romana, s'est d'abord traduite par plusieurs millions de morts dans une Gaule beaucoup moins peuplée que la France d'aujourd'hui.

Une fois pansées les lourdes blessures de cette guerre perdue la Gaule s'installe sous administration romaine, ou plus exactement gallo-romaine car de nombreux gaulois instruits parlaient aussi le latin et occupaient des postes importants (il y eu même un Empereur gaulois à Rome).

De - 50 à 250 après JC, se fut une certaine prospérité facilitée par la Pax Romana. Le commerce était dynamique et les échanges entre les Îles Britanniques, la Gaule et Rome étaient importants. Les ports d'Armorique et toute la zone côtière bénéficiaient de cette activité. Ploumanac'h en particulier était un port actif sur la côte nord de l'Armorique.

La région de Perros faisait partie du territoire des Ossimes. 

Ce territoire, limité à l'est par le Gouët, le Blavet et l'Ellé, recouvrait approximativement les actuels Finistère et Côtes d'Armor. La Capitale des Ossimes était Carhaix. En 470, Le Yaudet près de Lannion, à l'embouchure du Léguer, avait pris beaucoup d'importance et devint la métropole de la partie nord du territoire des Ossimes. Le Yaudet est alors la ville la plus importante de la côte Nord avec Aleth (St Servan aujourd'hui en Saint-Malo) mais elle  s'effondrera après le Vème siècle, concurrencée par Tréguier, jusqu'à disparaître, alors que Lannion grandissait à la limite de la ria et de la rivière (situation que l'on retrouve sur la plupart des rias bretonnes avec une ville à cette limite ria / rivière, rencontre entre le premier pont et donc une route et la remontée maximale des bateaux : Dinan, Pontrieux, La Roche-Derrien, Lannion, Morlaix, Landerneau, Châteaulin, Pont-Croix, Quimper, Pont-Aven, Quimperlé, Pont-Scorff, Hennebont, Auray, Vannes, La Roche- Bernard).

Perros est alors relié à Carhaix par une voie romaine.

Vers l'an 250, la situation de l'Empire romain se dégrade, le pouvoir est de plus en plus faible et la pression des "barbares" sur les frontières de l'Empire, terrestres ou maritimes,  sont de plus en plus fortes. Des fortifications sont alors construites de façon régulière tous les milles pour tenter de protéger les frontières des envahisseurs. On en retrouve la trace dans la toponymie à travers beaucoup de noms en Castel (et ses formes dérivées Gastel, C'hastel, Hastel). La pointe du Château à Tres Trignel (Pen ar Hastel en breton), la Bastille à Ploumanac'h anciennement Castel Braz (le Grand Château, démoli pendant les guerres de la Ligue sous Henri IV), Castel Bihan protégeant l'entrée du port de Ploumanac'h, Trégastel, trêve de Pleumeur-Bodou, y trouvent leur origine.

En 312, l'Empereur de Rome, Constantin, choisit de devenir Chrétien. En conséquence, une organisation chrétienne, avec les diocèses, est mise en place dans l'Empire. L'Armorique est rattachée à Tours.

A la fin du IVème siècle mais surtout au Vème siècle puis au VIème siècle, les Bretons insulaires quittent leur Île de Bretagne (Cornouailles insulaire et Pays de Galles principalement) et émigrent vers l'Armorique qui deviendra ensuite la Petite Bretagne (la Bretagne insulaire devenant alors la Grande Bretagne). Ce mouvement d'émigration des Bretons est la conséquence de la pression exercée par les Scots d'une part, les Jutes, les Angles et les Saxons d'autre part. Les Scots habitaient l'Irlande où ils se sentaient à l'étroit. Ils envahirent donc la Calédonie (l'Écosse actuelle)  où ils domineront et assimileront les Pictes. La Calédonie deviendra alors le Scotland (l'Écosse), le pays des Scots. Ces mêmes Pictes avaient résistés plusieurs siècles auparavant victorieusement aux Romains qui n'avaient jamais pu conquérir cette région et qui avaient protégé l'Empire de leurs incursions  par la construction du mur d'Hadrien. Les Scots tentèrent aussi d'envahir la région du Pays de Galles actuel. Les Bretons (ou Britto-Romains comme l'on dit aussi - de même que l'on dit Gallo-Romain pour les Gaulois de Gaule) firent appel à des mercenaires contre promesse de terres pour les aider à  combattre ces Scots : les premiers Jutes, Angles et Saxons, qui arrivaient alors sur les côtes sud et ouest de l'Île de Bretagne, furent ainsi recrutés. Mais si ceci aida à la lutte contre les Scots, ceci incita les Jutes, Angles et Saxons à venir de plus en plus nombreux ... et ils repoussèrent petit à petit vers l'ouest les Bretons et boutèrent petit à petit hors de l'Île les Chefs Bretons.

Nous l'avons vu, les relations commerciales avec l'Armorique étaient importantes, constantes et anciennes ; elles étaient d'autant plus faciles que les langues de chaque côté de la Manche, le breton insulaire et le  gaulois continental étaient quasi identiques. La Manche n'était pas un obstacle mais un lien.

Autre point important comme nous le verrons par la suite : les Bretons étaient chrétiens (de même que les Gaulois et donc les Armoricains) mais  l'organisation religieuse était très implantée, très puissante avec de nombreux monastères où l'on pouvait étudier (à cette époque comme après, beaucoup de religieux, en particulier dans la hiérarchie de l'église, étaient apparentés aux Chefs de Clan régionaux).

Les premiers Chefs émigrèrent dans le calme avec leur peuple et leur religieux vers l'Armorique où ils s'installèrent sans difficultés : 

- d'une part la langue était presque la même,

- d'autre part il y avait de la place pour les arrivants (il suffisait de défricher la zone colonisée)

- enfin ces nouveaux arrivants venaient avec une organisation sociale, militaire et religieuse alors que l'organisation gallo-romaine était plus que déficiente à la suite du départ des troupes de soldats sur les frontières orientales. Enfin on peut aussi penser que dans l'Armorique, si loin de Rome, l'influence romaine n'avait jamais été très forte (ceci explique d'ailleurs que le latin y était moins employé que dans le reste de la Gaule et que la langue gauloise y avait gardé toute sa force ; elle survit encore aujourd'hui à travers le breton qui n'est que la forme moderne du gaulois influencé en Trégor, Léon et Cornouaille par la forme insulaire, mais non influencé en Vannetais où le dialecte est d'ailleurs plus nettement distinct des trois autres). On estime à 150 000 environ les nouveaux arrivants pour une population autochtone de 300 000 habitants : l'organisation religieuse a très certainement été un facteur très important de l'intégration et de la prise du pouvoir, avec la puissance militaire, sur les populations locales.

Les premiers arrivants garderont longtemps le contact avec leur Île d'origine (rappelons nous l'importance des relations commerciales) et favoriseront et faciliteront pendant plus de deux siècles la venue et l'installation des nouveaux arrivants.

La tradition a transformé en "Saints" ces chefs religieux qui sont aussi des chefs politiques relayant la puissance de leur Seigneur et souvent parent. On voit ainsi des Saints aller négocier avec le Roi de France Les plus puissants d'entre eux deviendront évêques (ils seront nommés en fait par les Chefs bretons qui leur sont souvent apparentés et non par la hiérarchie catholique gallo-romaine de Tours dont en principe dépend l'Armorique). Ils créent ainsi en Armorique une église chrétienne bretonne ; cette église s'implante aussi en Irlande qu'elle  christianise : Saint Patrick, Patron de l'Irlande est un Gallois. Peu de chose rapproche alors  la chrétienté bretonne de l'organisation de Rome. A cette époque, la primauté de Rome sur les autres pays n'est pas encore établie.

Il faut noter que les peuples celtes adoptèrent avec une certaine facilité le christianisme tout en le mêlant à leurs anciennes coutumes : en fait pour eux le fait d'avoir un Dieu au sens chrétien n'était pas en contradiction avec la vénération de la nature, de l'eau, du ciel ... Aujourd'hui encore cela se ressent avec l'importance donnée aux fêtes païennes (même si l'église se les est appropriées faute de pouvoir les combattre) : on fête avec vigueur la Saint-Jean avec des feux de paille car c'est la fête du solstice d'été, on fête la Sainte Anne qui n'est pas en réalité la mère de la vierge mais une déesse gauloise Anna, la Sainte Marie est la fête du milieu de l'été, on fête la Toussaints qui correspond au retour des âmes des morts de la famille dans les greniers et les granges pour se protéger du froid : il vaut mieux alors avoir une pensée pour eux au cimetière pour éviter qu'ils ne vous punissent ! A l'occasion des pardons on se rend dans des chapelles isolées dans la campagne bâties sur des lieux de culte beaucoup plus anciens : sommet d'une colline, source bienfaitrice .. .et n'oublions pas que Noël, bien avant d'être la célébration du Christ, était la fête du renouveau, le moment où les jours rallongent ...

Les évêchés bretons seront Dol avec Saint Samson, Aleth (Saint-Servan, en Saint-Malo aujourd'hui) avec Saint Mac Low (francisé en Saint-Malo), Saint-Pol-de-Léon avec Saint Pol Aurélien, Quimper avec Saint Kaourintin (francisé en Corentin) et Vannes avec Saint Patern. Seront créés par la suite au milieu du Xème siècle Saint-Brieuc avec Saint Brieg (Brioc) et Tréguier avec Saint Tugdual . Les évêchés de Rennes et Nantes ne sont pas alors considérés comme bretons. Le territoire de ces évêchés recouvrent alors des territoires qui correspondront à l'étendue de l'influence de la langue bretonne au IXème siècle : dans les autres régions plus à l'ouest (région de Rennes, de Nantes, d'Avranches), la langue française s'imposera avant le IXème siècle au détriment du gaulois : là est l'influence principale des émigrés bretons sur le maintien de la langue gauloise en Bretagne ; ce n'est pas tant leur nombre qui a eu un rôle important : c'est le fait que les élites sociales, militaires et religieuses, parlaient cette langue et la pratiquaient.

Les nouveaux arrivants reprendront aussi très souvent des noms de leur pays d'origine pour désigner des régions ou des villes : ainsi la Domnonée dont fait partie Perros est l'équivalent du Devon anglais actuel. 

Ils créeront en Armorique de grandes paroisses, très étendues ; une paroisse se dit Plou en breton, d'où toutes les communes actuelles en "Plou", "Plo", "Ploe", "Pleu" ... suivi du nom du Saint Patron. D'autres territoires rattachés à des monastères seront des "Lan", plus tard d'autres à partir du XIème siècle liées à un ermitage seront des "Loc". 

Par la suite, vers le XIIème siècle,  ces grandes paroisses seront subdivisées en trêves "Tré" (ce mot dérive en fait du breton treo : village, quartier, lieu habité et non du français trêve). Pleumeur-Bodou sera ainsi divisée et les paroisses de Trébeurden, Trégastel, Saint-Quai-Perros, Servel (fusionné dans le "Grand Lannion"), Perros seront créées.

On trouve aussi le terme "Gui" (Gwi" en breton) qui vient de Gwik village (on le retrouve sous la forme "wich" en angleterre : cf  Sandwich, la ville du sable, qui a donné son nom à l'en-cas ainsi nommé grâce à Lord Sandwich  qui se faisait servir  des tranches de pain au jambon pendant ses interminables parties de cartes). En parlant breton, on emploie souvent "Gwi" suivi du nom du Saint Patron parallèlement au lieu du nom de la paroisse composé de Plou, Lan ... suivi du nom du Saint pour parler du bourg lui-même au lieu du territoire paroissial : ainsi on dira Gwidalmeze pour le Bourg de Ploudalmézeau et Ploudalmeze pour la paroisse de Ploudalmézeau.

Dans ce cadre de l'immigration, Saint Guirec arrive au VIème siècle à Ploumanac'h, selon la légende dans une auge de pierre, là précisément où se situe l'oratoire sur la plage de St Guirec aujourd'hui. Les jeunes filles, en tentant de piquer une épingle dans le nez du Saint, cherchent à savoir si elles seront mariées dans l'année !

"Saint Guirec : originaire du Pays de Galles, le moine Guirec accompagnait dans son émigration Saint Tugdual ; il aborda la côte à ce qui deviendra Ploumanac'h (anciennement Poul Manac'h, la mare du Moine c'est-à-dire Saint Guirec). Il s'installa dans l'anse aujourd'hui de Saint Guirec près d'une source où se trouve aujourd'hui une chapelle.  ... A Traou Perros, au-dessus de La Rade ( rue de Goas An Abat aujourd'hui), il créera un monastère qui dépendra de l'évêché de Dol. (L'évêché de Dol avait la particularité d'avoir un tout petit territoire autour de sa cathédrale et de nombreuses dépendances isolées telles Perros, Le Trévoux-Tréguignec, Loguivy-les-Lannion ou Lanmeur. Cette situation perdurera jusqu'à la Révolution)".

Pour ce qui est des bateaux en auge de pierre que l'on retrouve dans plusieurs légendes de Saints venus de Bretagne insulaire, une explication est peut-être dans une technique de construction des bateaux à cette époque où le lest était une pierre de granit taillée et placée au fond du bateau avec un trou pour caler la base du mât : après quelques décennies, seule cette pierre aurait subsisté du bateau du Saint, créant ainsi la confusion pour les générations futures.

Dans la réalité, chaque mouvement d'émigration se composait de groupes assez importants de plusieurs dizaines à quelques  centaines de personnes et se faisaient sur les bateaux classiques utilisés pour le commerce entre les Îles et l'Armorique. 

L'Armorique devenue Bretagne est de fait indépendante et est sous le pouvoir de ces Chefs bretons venus pour la plupart de Cornouailles ou du Pays de Galles.

Plus tard elle sera en théorie sous le pouvoir Carolingien, mais celui-ci s'exercera de façon relâchée dans ces contrées si lointaines et peu accessibles.

Avec l'affaiblissement du pouvoir des rois francs, la Bretagne retrouvera une complète indépendance avec Nominoë : nommé Duc en 826 par Louis le Pieux, Nominoë écrase les troupes du Roi de France Charles le Chauve en 831 et fonde la monarchie bretonne en se proclamant Roi. Il meurt en 851( ses successeurs seront Erispoë et Salomon).

Nominoë transforme Dol en métropole afin de raffermir son indépendance et ne pas dépendre d'une tutelle religieuse franque.

Les évêchés de Saint-Brieuc et de Tréguier seront créés au milieu du Xème siècle.

L'affaiblissement du pouvoir des Carolingiens va permettre aux Vikings de réaliser, à partir de 875 surtout, des expéditions de pillage de plus en plus fréquentes sur les côtes bretonnes, dans l'estuaire de la Loire et même plus au sud jusqu'à la Sicile où ils créeront un royaume. Ils s'attaquent en particulier aux monastères, certains d'y trouver des richesses. Ceci provoquera la fuite des religieux et de nombreux seigneurs vers des contrées plus sures comme le centre de la France. Le peuple se trouvera alors démuni, sans défense, face à ces agresseurs et n'aura d'autre ressource que de se cacher lors de leurs intrusions. Ainsi Tréguier fut détruite en 843 par les Vikings.

Des lieus comme Porz Kamor ou Porz Rolland à Perros pourraient être le souvenir de l'accostage de ces Chefs Vikings (source C BERGER et F RACINE Du Côté de Perros)

Alain le Grand chasse une première fois les Vikings en 888 puis, en 938, un Chef breton exilé à la cour d'Angleterre décida de retourner en Bretagne chasser définitivement les Vikings : il s'appelait Alain Barbetorte ; il débarqua à Dol et vainquit les Vikings à Lancerf près de Paimpol et devint Duc de Bretagne.

Ensuite, de même que dans toute la France, le pouvoir central faiblit et l'on vit se développer la féodalité. La Bretagne n'échappa pas à ce mouvement au cours des XIème, XIIème et XIIIème siècles.

En 1030, Alain III prête hommage au Duc de Normandie et en 1066 beaucoup de Chevaliers bretons participeront aux côtés de Guillaume le Conquérant à la conquête de l'Angleterre. Perros dépendait alors du compté de Lannion qui lui même dépendait de Tréguier.

C'est vers cette époque que fut subdivisée la paroisse de Pleumeur-Bodou  et que fut construite l'église romane du bourg de Perros vouée à Saint Jacques le Majeur à l'emplacement ou à proximité du Monastère que Saint Guirec avait créé au VIème siècle.

A cette époque, l'Île Tomé devient la propriété de l'abbaye de Bégard.

En 1166, Conan IV abdique et la Bretagne entre sous le contrôle de Henri II Plantagenêt.

De 1312 à 1325, seront écrite "La Très Ancienne Coutume de Bretagne".

Au XIVème siècle, la chapelle Saint Guirec de Ploumanac'h sera construite.

De 1341à 1364, se déroulera la guerre de succession pour le Duché entre les Montfort (Jean de Montfort, demi-frère du Duc Jean III mort sans héritier direct) et les Penthièvre (Jeanne de Penthièvre, nièce du Duc Jean III et épouse de Charles de Blois, neveu du Roi de France). Les Montfort auront l'appui de la Bretagne bretonnante (sauf l'essentiel du Trégor) et de l'Angleterre ; les Penthièvre auront l'appui de la Bretagne gallo (c'est-à-dire non bretonnante) et du Roi de France (nous sommes dans le contexte de la guerre de Cent Ans).

C'est une période troublée pour Perros et sa région qui voit les troupes des deux camps alternativement piller la région.

Charles de Blois, malgré l'appui de Bertrand Du Guesclin (Gwez Sklin en breton), sera tué à Auray en 1364 et Jean de Montfort deviendra Duc de Bretagne. Il s'ensuivra une nouvelle période de calme et de développement.

L'abaye fondée par Saint Guirec, sise à Traou Perros (rue de Goas an Abat aujourd'hui), obtient du Duc de Bretagne (Jean V ?) au XIVème siècle un droit de pêcherie sur la côte ouest de la baie de Perros , d'où le nom de Porz ar Goret : un goret est une sorte de filet.

Le moulin à marée du Traouiero sera alors construit par Bryant de Lannion qui en aura obtenu l'autorisation du Roi de France Charles V en 1375 en dédommagement des troubles subis.

En 1445, débute la construction de la Chapelle Notre de Dame de la Clarté (An Itron Varia ar Sklerden). Elle sera terminée en 1452. L'une des théorie sur sa construction est la suivante : le Sieur de Barac'h, Seigneur de Louannec, revenant d'Angleterre se trouva perdu près des côtes dans le brouillard ; il s'agenouilla, pria la Vierge et promit la construction d'une chapelle si la Vierge sauvait son équipage et lui-même. Le brouillard s'entrouvrit alors qu'ils allaient se jeter sur les rochers de Ploumanac'h ; le Seigneur pour remercier la Vierge finançât la chapelle de "An Itron Varia ar Sklerden", Notre Dame Marie de la Clarté, là où il avait vu la côte. 

Sous le Duc François II (1458-1488) des moines Cordeliers s'installent aux Sept Îles sur la grande Île de Talvern (qu'on appellera Enez Breur, l'Île du Frère puis l'Île aux Moines) mais en 1483, vaincus par les conditions trop difficiles, ils obtiendront de leurs supérieurs l'autorisation de revenir sur le continent et le couvent des Cordeliers installé sur les Sept Îles sera abandonné. Les moines se réfugieront à Plouguiel près de Tréguier. La propriété de l'Île fut alors réclamée par les Cisterciens de Bégard qui l'obtinrent par décision du Parlement de Bretagne.

En 1488 le Duc François II est battu par l'armée du Roi de France à la bataille de Saint Aubin du Cormier ; il doit signer le traité du Verger et meurt peu après. Sa fille Anne de Bretagne n'a que 11 ans. Pour protéger son Duché de l'appétit du Roi de France, Anne est mariée par procuration en 1490à Maximilien d'Autriche. Mais selon le Traité, il lui faut l'autorisation du Roi de France. Le Roi de France Charles VIII envoie alors des troupes en Bretagne ; le combat est inégal et les armées bretonnes sont  vaincues en fin 1491. Le mariage avec Maximilien est  annulé et  Charles VIII l'épousera en 1491 au Château de Langeais le 6 décembre, Anne a alors quatorze ans (il est aussi convenu que si Charles mourrait sans héritier, Anne épouserait son successeur). En 1498, Charles VIII meurt sans héritier (leurs quatre enfants étant morts jeunes) mais son successeur  Louis XII  est déjà marié ! Celui-ci fera annuler son mariage d'avec Jeanne de France et épousera Anne de Bretagne le 8 janvier 1499 à Nantes ; ainsi le Duché restera sous le contrôle du Roi de France mais Louis XII s'engage à ne pas toucher aux libertés, institutions et coutumes du Duché de Bretagne (ceci ne sera que partiellement respecté).

C'est la fin de l'indépendance de la Bretagne, mais pas celle de son autonomie. La Bretagne conservera en particulier ses privilèges fiscaux et douaniers jusqu'à la Révolution de 1789.

 En particulier, l'impôt sur le sel n'était pas perçu en Bretagne alors que le sel était fortement taxé (la gabelle) en France ; hors à cette époque, le sel était indispensable : il permettait de conserver les aliments !  Alors, la contrebande était très active aux frontières entre la France et la Bretagne et les douaniers chargés de réprimer ce trafic ont été surnommés les gabelous ...

 

Nota : on lira avec intérêt concernant la préhistoire et l'histoire de Perros l'ouvrage de Claude BERGER et Françoise RACINE "DU CÔTÉ DE PERROS" La Tilv éditeur, collection Recherches & Documents.

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