LES SEPT ÎLES et TOMÉ
L'Île de Tomé :
(Parfois aussi orthographiée Thomé)
Tomé, qui s'appelait autrefois Tavéac, ne fait pas partie de l'archipel des Sept Îles (Tomé était le nom d'un de ses propriétaires au XIXème siècle).
Au début du XIXème et au début du XXème siècle, une petite ferme y était exploitée avec 6 vaches, des moutons et un peu de sarrasin. Le problème était l'absence d'eau douce hors la récupération des eaux de pluie. Monsieur SOREL l'acheta en 1900. L'île appartient aujourd'hui à la Commune de Perros (ou à l'Etat ?).
Les Sept Îles :
Vu depuis la côte on rencontre de gauche à droite : Le Cerf, la Plate, l'Île aux Moines, Bono, Malban, Rouzig :
mais ceci ne fait que six îles ! alors pour faire Sept on y ajoute les récifs des Costans !
Il y a une théorie pour expliquer que Sept Îles est une déformation de Saith Enez, l'île de Saith, ermite ou moine breton insulaire.
A Perros en breton on emploie Jentilez, qui désigne l'Île aux Moines (un nouveau gréement porte d'ailleurs ce nom, il propose de sympathiques promenades à la journée).
Jentilez proviendrait de Sant Ilez, à la fois par chuintement du S initial par les autochtones (ce qui est courant en breton) et par une une mauvaise lecture, influencée par la prononciation, de Sant Ilez l'île du Saint (qui pourrait être Saith comme Guirec), le S majuscule en écriture manuscrite ayant été confondu avec un g minuscule par les cartographes francophones. Cette confusion calligraphique est fort plausible. Devenue Gentilez, le mot a été réorthographié avec un J selon les conventions d'écriture du breton moderne, le "g" se prononçant toujours dur "gu".
D'autre part on connaît l'importance des îles dans la religion chrétienne de Bretagne insulaire : les îles isolées sont d'une certaine manière l'endroit où on s'éloigne du monde pour approcher Dieu. Rien d'étonnant donc à ce que l'une des deux grandes îles de l'archipel ait été le lieu de prière de l'un de ces moines ermites.
Donc de gauche à droite nous avons (les récifs des Costans ne sont pas visibles de la côte) :
Le Cerf, îlot avec des rochers plus élevés que La Plate derrière,
La Plate, derrière le Cerf, peu élevée comme le nom le suggère,
L'Île aux Moines (anciennement Enez Breur et auparavant Talvern) : plus élevée, aisément reconnaissable par le phare qui la domine. Le phare actuel date de 1944 et a été bâti sur l'emplacement du premier phare inauguré en 1835. Le phare de l'Île aux Moines signale aux navires le point le plus nord de la Bretagne qui, avec ses îles et récifs a causé la perte de dizaines de navires. Sa portée est de trente milles, soit environ quarante kilomètres.
On aperçoit également le fort du XVIIIème siècle sur la pointe ouest. De petits bâtiments, occupés de temps à autre encore par des goémonniers, sont abrités sur la face nord de l'île. Bien après le départ des Moines, un certain Tassel y habita avec sa femme et ses enfants au début du XVIIIème siècle ; il exerçait le métier de pilote pour les navires et fut embauché semble t'il pour assister la garnison du fort à sa création.vers 1740.
Sous le Duc François II (1458-1488) des moines Cordeliers s'installent aux Sept Îles sur la grande Île de Talvern (qu'on appellera Enez Breur l'île du Frère puis l'Île aux Moines) mais en 1483, vaincus par les conditions trop difficiles, ils obtiendront de leurs supérieurs l'autorisation de revenir sur le continent et le couvent des Cordeliers installé sur les Sept Îles sera abandonné. Les moines se réfugieront à Plouguiel près de Tréguier. La propriété de l'Île fut alors réclamée par les Cisterciens de Bégard qui l'obtinrent par décision du Parlement de Bretagne.
Aux XVIIème et XVIIIème siècles, les Anglais sont les maîtres de la Manche et leurs corsaires pillent nos navires marchands (il est vrai que nos corsaires malouins se défendaient bien aussi dans cette activité). Pour protéger la rade de Perros, qui était très utilisée pour s'abriter en cas de mauvais temps par les navires marchands, Vauban peut-être songea à fortifier les Sept Îles (il étudia aussi les possibilités de la rade de Perros pour y installer un port de guerre). En tout cas ce qui est sûr, c'est que son disciple, Garangeau, réalisa la construction du fort de l'Île aux Moines à partir de 1740.
Bono : sur lequel on trouve l'une des plus vieille trace d'activité humaine de Bretagne avec son dolmen très ancien, datant de 4 200 avant JC. C'est l'un des plus vieux monuments connus en Bretagne et d'un modèle rare que l'on ne trouve que sur quelques îles. Attention : l'accès de cette Île, réserve naturelle, est strictement interdit !
Malban (autrefois Melban) : si vous avez de la chance, peut-être près de l'Ile Malban, verrez vous quelques phoques gris nageant ou se dorant sur un rocher ... Attention : l'accès de cette île, réserve naturelle, est strictement interdit !
Entre Malban et Riouzig, les pêcheurs entendaient parfois autrefois, au XIXème et avant, des chants. Ces chants étaient ceux d'une famille de sirènes qui vivait là entre mer et rochers. Depuis 1870, nul ne les a entendues.
(autres créatures extraordinaires, plus à l'ouest dans les rochers des Triagoz, vivaient un monstre et des pieuvres géantes. Quand par erreur des bateaux passaient trop près des récifs, ils entendaient sous la mer la fureur du dragon furieux d'être dérangé : il valait mieux alors s'éloigner au plus vite avant que le monstre ne vous coule ...)
Rouzig (Rouzic) où Île aux Oiseaux (autrefois Riouzic) Attention : l'accès de cette Île, réserve naturelle, est strictement interdit ! l'Ile Rouzig, la plus à l'est, appelée communément l'Île aux Oiseaux) ; y se trouve la plus importante colonie de Fous de Bassan d'Europe continentale avec plus de 3 000 couples nicheurs (et seule colonie française).
Rouzig est aussi le lieu le plus méridional de reproduction pour le Macareux Moine, le "Calculot" comme on l'appèle ici. Le Macareux est un alcidé, c'est-à-dire un oiseau de la même famille que le Pingouin (nom d'étymologie celte : pen gwen , tête blanche). Le Macareux était présent par milliers à la fin du IXXème siècle et au début du XXème, mais l'arrivée du chemin de fer (Lannion en 1881, le voyage depuis Paris durait alors quinze heures !) allait lui être presque fatal : cet oiseau inoffensif et peu méfiant allait être pris pour cible par des chasseurs aisés, venant depuis Paris tirer sur cet oiseau au bec bariolé, exterminant ainsi les trois-quarts de la colonie. Ce massacre scandalisa certains et la Ligue de Protection des Oiseaux obtint la mise en réserve des Sept Îles, première réserve ornithologique de France et l'interdiction de cette chasse. Les populations purent de nouveau s'accroître ; malheureusement les différentes marées noires, en particulier celle du Torrey Canyon (mars 1967), celle de l'Amoco Cadiz (mars 1978) et du Tanio (1980), décimèrent tragiquement les Macareux ; la survie de la colonie, fragilisée et régulièrement touchée par le pétrole des dégazages sauvages, reste incertaine. L'espèce n'est cependant pas en danger, c'est même l'une des plus nombreuses de l'hémisphère nord ; les macareux sont très nombreux sur les îlots et rochers des Iles Britanniques et d'Islande !
A Rouzic, on peut aussi observer d'autres alcidés, le Pingouin Torda avec son bec plat ou son cousin le Guillemot de Troïl qui, outre Perros, se reproduisent aussi sur quelques zones de l'ouest de Bretagne (Cap Sizun près de la Pointe du Raz en particulier).
Plus difficile à observer, le Puffin des Anglais que l'on peut voir, souvent d'assez loin, rasant les flots en passant d'une aile sur l'autre, alternant rapidement une vision claire ou sombre de son envergure, ou le Labbe Parasite.
Sur les Sept Îles niche aussi le Pétrel Fulmar.
On y trouve aussi la Mouette Tridactyle qui, passant toute l'année en mer, ne vient à la côte (toujours sur des îles ou des falaises très difficiles d'accès) que pour nicher.
aller à la page sur les oiseaux de mer, vous pourrez y trouver des renseignements complémentaires, des photos ou dessins de ces oiseaux des Sept Îles ainsi que sur les autres espèces d'oiseaux de mer que l'on rencontre à Perros.