L'HISTOIRE DES CARRIÈRES
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L'exploitation du granit se faisait autrefois dans des toutes petites carrières pour un usage dans la proximité immédiate, et ceci jusqu'au milieu du XIXème siècle.
La révolution industrielle entraîna le développement de l'urbanisation, donc de la construction et donc un besoin de pierre ; de même la construction des lignes de chemin de fer en Bretagne ou ailleurs nécessitait beaucoup de pierres pour bâtir les ponts, les remblais, les soutènements, les viaducs ... La rénovation de Paris par le Baron Haussmann créa aussi une importante demande.
Les premières carrières à se développer furent vers 1850 celles en bord immédiat de mer :
- l'accès à la pierre était aisé : pas de couverture végétale, absence en général de couche superficielle de qualité médiocre en raison de l'érosion, présence grâce à la falaise d'un front de taille naturel.
- transport possible par "coucou" ou par barge jusqu'à un quai puis par bateau de cabotage vers les lieux d'utilisation, alors que les routes intérieures étaient peu carrossables pour de lourdes charges.
Le "coucou" est un barque qui comprend une sorte de puits avec on treuil en son milieu : il se positionne à marée haute au dessus de la pierre que l'on a préalablement à marée basse arrimée avec une chaîne. On accroche la chaîne au treuil et l'on hisse le bloc de pierre jusqu'à le coller contre le fond du bateau. Le coucou peut ainsi parcourir les quelques centaines de mètres pour amener la pierre à une cale où il pourra être gruté sur un plus grand bateau pour son transfert par cabotage. Des blocs de plusieurs tonnes (entre 5 et 10 T) pouvaient ainsi être déplacés.
Les premières carrières "industrielles"ouvrent à l'Île Grande et à l'île Agathon * en 1850.
* la forme exacte est Aganton mais ce terme que l'on trouve sur les cartes les plus récentes n'était pas en usage à l'époque des carrières. On trouve aussi Île à Canton sur certaines vieilles cartes.
Les carrières de l'Île Grande et des îlots voisins pourvoiront aux travaux du Baron Haussmann à Paris de 1850 à 1870 : bordures de trottoirs et pavés furent fournis en grandes quantités.
Un "pavé" a pour dimensions 14 x 20 x 14 cm ; les tailleurs de pierre estimaient les 14 cm avec leur poing fermé et les 20 cm avec la main ouverte. Chacun en taillait de soixante à quatre-vingts par jour.
Une autre dimension de taille, la "boutisse", faisait 14 x 30 x 14 : les boutisses étaient utilisées pour la réalisation des caniveaux.
La côte de Landrellec, la presqu'île de Toenot et la plupart des îlots autour de l'Île Grande furent également exploités, même les plus petits : l'île d'Aval, Enez Bihan, Billot-Bolennec, Bolennec, le Corbeau, l'île d'Erc'h, l'île aux Herbes, Illeonic, Enez Ilio, l'île Jaouen, Kerellec, l'île Losquet, l'île Morvil, Petite Fougère, l'île Plate, l'île Renard, l'Île Tanguy ...deux types de granits y sont présents : le "granit bleu de l'Île Grande" (granit à deux micas) au centre de la zone et le "granit blanc de l'Île Grande" en périphérie.
En 1895, la digue et le pont reliant l'Île Grande au continent seront construits afin de faciliter les trajets des ouvriers vers les carrières et les exportations locales (le chenal séparant l'île de la côte était alors beaucoup plus large qu'aujourd'hui, la digue ayant depuis créé une poldérisation de chaque côté).
En 1979, le site de la carrière de Kastel Erec est acheté par la LPO
Le dernier chantier carrier de l'Île Grande fermera en 1989 ; les carrières de "granit bleu de l'Île Grande" sur le continent seront un peu plus longtemps exploitées, jusqu'en 1997 (Kerenoc, Keralies, Kervegan).
A Pleumeur-Bodou, on exploite le "granit de Saint Samson". De grain fin, ce granit "saccharoïde (qui a l'aspect du sucre) a une couleur qui va du rose au jaune. Il est surtout utilisé pour la construction de maisons.
Les "gabbros de Trégastel" ont également été exploités ; les carriers n'utilisent pas le mot "gabbro", terme exact qu'emploient les géologues, mais l'appellent tout simplement "granit gris foncé".
Le "granit de La Clarté", granit rose à gros grains, est lui exploité depuis peu avant 1900. Il est toujours en exploitation. Les différentes carrières de La Clarté produisent aujourd'hui environ 10 000 tonnes par an de granit rose.
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